Bonjour à tous,
Lysias et son nouveau bureau présentent la soirée de lancement Lysias. Soyez les bienvenus le 14 novembre 2013 dans l’amphithéâtre Michel de l’ Hospital.
A bientôt pour une nouvelle aventure lysiassienne !!!
Bonjour à tous,
Lysias et son nouveau bureau présentent la soirée de lancement Lysias. Soyez les bienvenus le 14 novembre 2013 dans l’amphithéâtre Michel de l’ Hospital.
A bientôt pour une nouvelle aventure lysiassienne !!!
Après un tour de sélection et une demi finale d’une grande qualité, nous sommes ravis de vous avoir présenté la finale des concours de plaidoirie et d’éloquence. Le jury, composé de :
– M.D. CAMPION, Recteur d’Académie de Clermont Ferrand
– F. GARNIER, Doyen de l’Ecole de droit
– Me SAVARY, Bâtonnier de Clermont Ferrand
– J.L. STOESSLE, Président du TGI de Clermont Ferrand
– Me VEY, 9éme Secrétaire de la Conférence des Avocats du Barreau de Paris
A désigné les vainqueurs du concours :
Concours d’éloquence lycéen : La vie est-elle un long fleuve tranquille ?
Guillaume DALLE
Concours de plaidoirie droit civil L1 : Wesley DELMARES
Concours de plaidoirie droit pénal L2 : Lisa DUFOUR
Concours d’éloquence L3 : Les avocats sont-ils meilleurs mûrs ?
Anissa MAKHLOUCHE
Vous trouverez les photos de notre finale ici.
Direction Paris dès samedi pour le premier tour de sélection L1/L2 de la Conférence Nationale Lysias !
Bravo à tous pour ces tours de sélection très vivants et pleins de surprises !
Les finalistes du concours Lysias Clermont de 2013 sont :
En L1 : Wesley DELMARES et Adam ISSILAMOU
En L2 : Lisa DUFOUR et Nicolas BARTHOULOT
En L3 : Anissa MAKHLOUCHE et Matthieu AUGAGNEUR.
Félicitations à eux six ! vous trouverez les photos de la demi finale ici.
Félicitations à tous nos demi finalistes qui s’affronteront ce soir même à la demi-finale des concours Lysias :
L1 : Wesley DELMARES (demande) / Grégory GALLOIS (défense)Sarah BERGER (demande) / Enguerran DUCORAIL (défense)
Antoine LACHAUME (demande) / Adam ISSILAMOU (défense)
Erevan MALROUX (demande) / Benoit MAUBERT (défense)
L2 : André FAVAIN (Procureur) / Lisa DUFOUR (défense)
Maxime GASC (Procureur) / Henri TRACOL (défense)
Nicolas BARTHOULOT (Procureur) / Inès SOUID (défense)
Victor TELES (Procureur) / Jean Baptiste CHANTELAUZE (défense)
L3 : Riadh NIATI (oui) / Thomas GUILLAUME (non)
Hasna NANAI (oui) / Anissa MAKHLOUCHE (non)
Anne Charlotte BOUDET (oui) / Martin TAILLANDIER (non)
Jihane VAN WIJCK (oui) / Matthieu AUGAGNEUR (non)
Pour les photos du tour de sélection matinal, c’est par ici
Nous laissons la place pour un article de grande qualité à Donovann Shore, qui nous a fait le plaisir d’offrir à Lysias Clermont son interview-Twitter du réalisteur François CHILOWICZ. Par messages de 180 signes, il partage avec nous quelques secrets du documentaire Hors la loi. La parole est à Donovann :
« CHILOWICZ François, réalisateur du documentaire Hors la loi (dont les trois parties ont étés récemment diffusées sur France 2), se dévoile quelque peu dans cette interview improvisée.
Bonjour Monsieur CHILOWICZ. Je vais directement débuter avec la première question et vous demander : « pourquoi avoir filmé le documentaire Hors la loi à Toulouse ? »
Il se trouve que je tourne tous mes documentaires à Toulouse depuis 2002. La taille de la ville était parfaite pour le film, sachant que j’ai du rencontrer 1000 personnes pour le préparer.
En tant que réalisateur, l’idée de créer une série sur le milieu carcéral ou la justice vous a-t-elle déjà effleurée l’esprit ?
Je pensais plus à une série qui montre des métiers souvent mal vus, de façon réaliste , tel que la police, la magistrature, avocats, agents pénitenciers ?
Oui quelques fois. Mais avec la BAC, j’ai déjà l’impression de tourner « The Wire » en vrai. On a songé à une série sur les surveillants. Mais la production du film Hors la loi m’a trop occupée l’esprit pour penser à d’autres films…
Pour revenir sur le sujet, que pensez vous de notre système carcéral après cette immersion? Est-il bon, mauvais, améliorable ?
Quel devrait être le première objectif à remplir pour une prison ? Cet objectif est-il rempli de nos jours ?
À titre personnel, je ne crois pas aux vertus de la punition, et donc pas à la peine si elle est vide de sens. Le système carcéral français me semble d’un autre temps. Mais avant d’en changer, il faut préparer la population (électeurs).
La prison devrait reconstruire une personne. Or en l’état, elle la casse (par la seule punition).
Préparer la population ne serait-il pas plus simple justement, à l’aide de séries et documentaires traitants de façon efficace du sujet ?
Bien sûr, cela fait partie des moyens pour toucher les gens, de changer leur représentation. Mais des séries de qualité est quelque chose de rare.
Si je parle autant de série, c’est parce que je suis un fan de « The Practice », une série de David E. Kelley sur les avocats d’un cabinet de droit pénal. Je pense que ce genre de série manque en France. Qu’il faudrait des versions françaises traitant du droit, d’aussi bonne qualité.
Je connais peu « The Practice », mais par exemple la qualité de « The Wire », c’est son réalisme documentaire. Avec Hors la loi on a fait la démarche inverse !
Concernant le sort des prisonniers, de leur cadre de vie. Que voudriez-vous répondre, à ces personnes qui s’offusquent qu’en prison de nombreux détenues aient accès à la Télévision ou au Nutella ?
Que la société n’a rien a gagner à chercher à « briser » ses détenus… La punition, ça marche pas. Les inégalités sociales demeurent en détention. Les détenus qui ont de l’argent achètent ce qu’ils veulent.
Et puis, la Loi prévoit la privation de liberté, pas la privation de Nutella (peine à faible vertu dissuasive ).., 🙂
Il vous a fallu 5 ans pour tourner ce documentaire. Vous êtes vous attaché à nos chers anonymes ( ujets du documentaire) ?
Oui. Particulièrement à « Z » (nous avons le même anniversaire). Et à « S » (dont je relativise la gravité des faits).
Leurs avez-vous apporté des conseils, ou n’êtes vous jamais intervenu directement?
Le moins possible, mais quelques fois j’ai un peu aidé, quand c’était trop évident et inévitable.
Quand « D » a été arrêté dans l’épisode 3 par les gendarmes, j’ai décidé de cesser le tournage avec lui et de l’accompagner au tribunal.
« D » préférait retourner en prison que de travailler gratuitement. Faut-il revoir le système de travail d’intérêt général?
Il faudrait surtout un éducateur pour dix personnes et pas un pour cent, comme aujourd’hui.
Ne serait-il pas préférable d’avoir des éducateurs ancien détenus réinsérés, plutôt que des éducateurs lambda?
C’est une excellente idée je crois. Un mixte des deux ? Et cela ferait de la réinsertion.
Qu’est ce qui a été le plus dur pour vous, dans la réalisation de ce documentaire ? Et qu’auriez vous changé dans votre documentaire, si vous en aviez la possibilité ?
Le plus dur était de ne pas perdre le fil des procédure, improviser, m’adapter sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre… Gérer la confiance des autorités.
Si possible, j’aurais rajouté un an de tournage et autant de montage, pour suivre plus longuement les procédures.
Votre prochain documentaire portera t-il sur un thème similaire, ou tout autre?
Je ne sais pas encore sur quoi portera mon prochain film. J’hésite entre l’enfance et le politique (la Loi).
Personnellement, je vote pour le politique 🙂
S’il y a une personne au monde avec qui vous aimeriez bien discuter longuement du système, ce serait?
Parler du système politique ? Avec un chef d’état ! 🙂 Mais là je m’intéresse au Parlement, à la genèse des Lois…
Je vous remercie de votre temps. Un mot pour la fin ?
Moi j’ai fini mon travail, mais la vie du film ne fait que commencer. Faites le connaître le plus possible.
Liens : Hors la Loi
The Wire
The Practice
Il est possible de visionner les 3 parties du documentaire sur Pluzz durant quelques jours. Autant en profiter. »
Nous reprenons cette année les interview-Lysias de personnes qui ont marqué l’association à leur manière au travers de la France entière. Vous le savez sans doute, l’amitié Lysias n’a pas de limites, et c’est tout de même bien pratique pour partager et échanger autour de l’éloquence. Aujourd’hui, nous parlons de la présidente actuelle de Lysias Paris I – Panthéon Sorbonne.
Elisabeth Philippe,
C’est l’auteur de l’un des passages en Berryer les plus lessivants de sa génération.
La cheville ouvrière du procès des Fleurs du Mal avec Maître Bonnant et Maître Périer à la 1ere Chambre de la Cour d’appel de Paris, c’est encore elle. C’est avec humour et modestie qu’elle a accepté de relancer les interview sur le blog de Lysias Clermont, et nous l’en remercions.
– Qu’est ce qui t’a poussé à t’inscrire à Lysias Paris I ?
Je fais partie de ceux qui ne reste jamais très longtemps entre les murs de la fac! Conséquence directe, je n’avais jamais entendu parler du concours ni même vu une affiche… Mais la vie fait bien les choses, et une très bonne amie, mieux renseignée que moi, a simplement prononcé les mots « plaidoirie », « génial », « on s’inscrit », la veille du jour de clôture des inscriptions… 48h plus tard, on avait les sujets et c’était parti!
– Comment t’y prends tu pour construire une plaidoirie ?
J’y pense. Beaucoup. Je visualise mon client, je m’éprends de sa cause, et je mastique les faits dans tous les sens pour en déduire un univers qui serait le sien. Je trouve le point de droit pour le défendre et j’écris ma plaidoirie suivant la trame juridique et en essayant de retranscrire au mieux cette atmosphère.
Puis généralement je déchire tout et je recommence!
– As-tu une astuce pour gérer le stress face au jury du concours ?
Je n’ai jamais vraiment réalisé la dimension stress, jury, concours.. J’arrivais avec ma plaidoirie, et j’allais défendre mon client!
La seule fois où j’ai eu peur, c’est parce que je n’étais pas convaincue par mon texte. J’avais essayé de changer de style et de faire de l’humour qui ne me ressemblait pas.
En réalité, je dirais qu’il faut savoir se faire plaisir et se faire confiance. Écrire quelque chose qui retranscrive vraiment sa personnalité. Ce qui est assez difficile, mais quand vient le moment de plaider, il est plus facile de convaincre en étant soit même convaincu.
– Qu’as tu gagné grâce à Lysias Paris I ?
Plusieurs tribunes de dix minutes.
– Comment ta victoire a-t-elle été accueillie au sein de ton université ?
C’était génial! Mes chargés de TD m’ont organisé une fête surprise dans le hall de St Hippolyte, tous les grands noms de la doctrine étaient là et on a dansé la zumba jusqu’au petit matin!
*Ce qui précède est un mensonge*
– Quels sont les deux souvenirs forts que tu gardes de ton aventure Lysias ?
La demi-finale interne était sans hésitation le moment le plus fort de toute mon aventure Lysias ! Je ne réalisais pas l’ampleur du concours, j’avais l’habitude de venir en salle de TD, plaider et repartir… Subitement c’était : le Panthéon, l’amphi plein à craquer, les autres candidats, le jury en robe, les huit plaidoiries, les critiques, les rires, la chaleur et l’adrénaline!
Il y a aussi la finale à laquelle j’ai cru ne jamais arriver… J’étais déjà très en retard et bloquée dans les embouteillages à l’autre bout de Paris. J’ai du abandonner ma voiture, prendre le métro, courir sous la pluie, me perdre, re-courir sous la pluie, arriver au Panthéon, ne trouver personne, apprendre que je me suis trompée de bâtiment, re-re-courir sous la pluie et arriver avec une demi heure de retard et la coiffure de quelqu’un qui a beaucoup couru sous la pluie.
– Le concours de la Conférence a-t-il eu un impact sur tes études (orientation, opportunités) en tant qu’étudiant vainqueur du concours de plaidoirie ?
A mon sens, il est toujours bon de mettre en avant sa participation au concours. Pas forcément en tant « qu’étudiant vainqueur », mais parce qu’en tant qu’étudiant en droit, cela prouve que l’on aime ce que l’on fait, et que l’on a hâte de faire ce à quoi l’on se forme.
– Comment se sent on lorsque l’on plaide en Berryer ?
Une fois que Lysias se termine, mine de rien, on est sans repère! La Berryer est un peu l’occasion de reprendre sa plume et la parole.
Pour ma part, je n’avais jamais assisté à une Berryer avant d’y participer, j’ai reçu un coup de téléphone deux jours avant, j’aimais bien le sujet, j’aimais bien l’invité, j’y suis allée!
Par contre, en salle des Criées, avant que cela commence, deux ou trois personnes sont venues me voir pour essayer de comprendre quel drame, quelle menace, quelle dépression m’avait conduit à cet endroit précis.
Là, j’ai essayé de fuir.
Puis finalement, on reprend le dessus et on passe une très bonne soirée. Juré!
– Un dernier mot pour nos clermontois ou la terre entière ?
Quelque soit votre université, il est une association du doux nom de Lysias. Laissez la conquérir votre cœur.
Chers étudiants de L2 qui commencez à vous interroger sur la façon dont vous devez composer un réquisitoire de Procureur / Avocat général, cher lecteur amoureux du droit, « public chéri mon amour » comme l’aurait ajouté P. Desproges.
Sur proposition de notre chère Secrétaire, nous vous reproduisons ci-après l’excellent article du Monde relatif au réquisitoire de l’avocat général Luc Frémiot. Son intervention très remarquée dans l’affaire qui, au début de l’année 2012, avait posé de nombreuses questions bien au-delà des bancs de la Cour d’assises concernait le meurtre d’un mari violent par sa femme. Un très bon article de Pascale Robert-Diard qui permet à tous ceux n’ayant pas eu la chance d’assister au réquisitoire d’un avocat général de se faire une idée de l’exercice.
Femmes battues : l’indifférence en procès aux assises du Nord
La cour acquitté Alexandra, 32 ans, du meurtre de son mari violent
LE MONDE |24.03.2012 à 09h44 • Mis à jour le24.03.2012 à 10h40
C’est une sale affaire de violence et de misère. Une de celles auxquelles on rechigne à s’intéresser parce que tout cela semble trop loin, trop moche et qu’on en a bien assez comme ça. C’est ce que l’on pensait, au début. Comme sans doute les six jurés – quatre femmes, deux hommes – tirés au sort devant la cour d’assises du Nord pour jugerAlexandra Guillemin, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.
Un soir de juin 2009, dans la cuisine de leur appartement à Douai, cette mère de quatre enfants a dit à son mari qu’elle voulait le quitter. Il a explosé de fureur, a cherché à l’étrangler, elle a saisi un couteau de cuisine. La plaie dans le cou mesurait 13,5 cm de profondeur. Il est mort sur le coup, « dans une mare de sang », dit le procès-verbal des policiers. Voilà pour les faits.
Le procès s’est ouvert mercredi 21 mars. Alexandra Guillemin comparaissait libre après dix-sept mois de détention provisoire. Elle s’est assise dans le prétoire, le visage légèrement incliné, ses longs cheveux sombres noués sur la nuque, les yeux baissés, les mains posées sur les genoux et elle n’a plus vraiment bougé. Dehors, c’était le printemps, le ciel était bleu tendre. Le soleil inondait les murs clairs de la salle d’audience. C’est là, dans cette lumière si blanche, si crue, qu’une cour et des jurés ont plongé dans la nuit d’une femme.
Alexandra avait 17 ans, elle était en première, au lycée, quand elle a rencontré Marcelino, un Gitan sédentarisé, de quatorze ans son aîné. Elle est tombée amoureuse, a claqué la porte de chez sa mère qui ne l’aimait guère et rompu avec son père qui était en colère. Quelques mois plus tard, elle s’est mariée, le premier des quatre enfants est né et Alexandra Guillemin a renoncé à passer son bac. Le reste est un long calvaire. Une épouse que l’on viole, frappe, insulte et humilie. Que l’on menace lorsqu’elle murmure des confidences à sa sœur au téléphone ou cherche à voir son père. Que l’on épie quand elle tente de se confier à l’assistante sociale. Que l’on écrase et engloutit. Au XXIe siècle, dans une ville française, une ombre dans une caverne.
Pendant trois jours, un homme ne l’a pas quittée des yeux. Luc Frémiot est avocat général. Cela fait plus de dix ans qu’il se bat contre les violences conjugales. Qu’il essaie de secouer les consciences. Qu’il tonne à l’audience, bat les estrades, s’invite dans les colloques. Qu’il donne des instructions écrites aux policiers pour transmettre systématiquement au parquet les « mains courantes » déposées par les femmes, afin de ne pas laisser échapper la moindre chance de briser le silence, d’endiguer la violence dès le premier coup porté. Pour qu’il ne soit pas suivi d’un deuxième, puis d’un troisième, qui fait plus mal, détruit plus profond.
Il l’a regardée, Alexandra Guillemin, lorsqu’à la barre elle triturait son mouchoir, en répondant d’une voix faible aux questions de la présidente, Catherine Schneider. Lorsque des larmes roulaient sur son visage à l’évocation par les voisins, par les rares amis, par les dépositions de ses enfants, de ce qu’avait été sa vie. Lorsqu’elle chassait de la main les images qui l’assaillaient, honteuse de devoirexpliquer ce que son corps avait subi et qu’elle avait toujours tu. Luc Frémiot observait tout, aspirait tout. Il a dévisagé aussi ces femmes assises dans le public, dont soudain s’échappait un cri, presque un ordre : « Parle, Alexandra ! Parle ! » Il a crucifié du regard cet officier de police judiciaire concédant un « dysfonctionnement » quand on lui a demandé d’expliquer comment et pourquoi son service n’avait pas jugé nécessaire de donner suite à la plainte que voulait déposer Alexandra Guillemin contre son mari. Elle avait l’œil tuméfié, on lui a conseillé une main courante et on l’a renvoyée chez elle parce que « ça ne saignait pas ».
Vendredi 23 mars, l’avocat général s’est levé. Ou, plus justement dit, il s’est jeté. Les notes sur le carnet ne disent ni la voix qui enfle et se brise, ni les silences, le souffle qui emporte, les mains tendues qui escortent les paroles jusqu’aux visages concentrés des jurés, le regard suspendu de l’accusée.
« Alexandra Guillemin, nous avions rendez-vous. C’est un rendez-vous inexorable, qui guette toutes les victimes de violences conjugales. Ce procès vous dépasse parce que derrière vous, il y a toutes ces femmes qui vivent la même chose que vous. Qui guettent les ombres de la nuit, le bruit des pas qui leur fait comprendre que c’est l’heure où le danger rentre à la maison. Les enfants qui filent dans la chambre et la mère qui va dans la cuisine, qui fait comme si tout était normal et qui sait que tout à l’heure, la violence explosera.
Elles sont toutes sœurs, ces femmes que personne ne regarde, que personne n’écoute. Parce que, comme on l’a entendu tout au long de cette audience, lorsque la porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Mais la vraie question, c’est de savoir si l’on a envie de savoir ce qui se passe. Si l’on a envie d’écouter le bruit des meubles que l’on renverse, des coups qui font mal, des claques qui sonnent et des enfants qui pleurent.
Ici, dans les cours d’assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n’a le plus souvent qu’une image, celle d’un corps de femme sur une table d’autopsie. Aujourd’hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider.
Mon devoir est de rappeler que l’on n’a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : ‘Papa est mort, on ne sera plus frappés’. ‘Papa, il était méchant’. ‘Avec nous, il se comportait mal, mais c’était rien comparé à ce qu’il faisait à maman’. On n’a pas le droit de tuer, mais on n’a pas le droit de violer non plus. D’emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur.
Je sais la question que vous vous posez. ‘Mais pourquoi Alexandra Guillemin n’est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ?’ Cette question est celle d’hommes et de femmes de l’extérieur, qui regardent une situation qu’ils ne comprennent pas et qui se disent: ‘Mais moi, je serais parti !’ En êtes-vous si sûr ? Ce que vivent ces femmes, ce qu’a vécu Alexandra Guillemin, c’est la terreur, l’angoisse, le pouvoir de quelqu’un qui vous coupe le souffle, vous enlève tout courage. C’est sortir faire les courses pendant cinq minutes, parce que celui qui vous envoie a calculé exactement le temps qu’il vous faut pour aller lui acheter ses bouteilles de bière. Et c’est à cette femme-là que l’on voudrait demander pourquoi elle est restée ? Mais c’est la guerre que vous avez vécue, madame, la guerre dans votre corps, dans votre cœur. Et vous, les jurés, vous ne pouvez pas la juger sans savoir les blessures béantes qu’elle a en elle. C’est cela être juge, c’est être capable de se mettre à la place des autres. Alexandra Guillemin, il suffit de l’écouter, de la regarder. De voir son visage ravagé. Mais un visage qui change dès qu’elle parle de ses enfants. On a beaucoup dit qu’elle était ‘passive’. Mais c’est une combattante, cette femme ! Ses enfants, elle leur a tenu la tête hors de l’eau, hors du gouffre. Il n’y a pas beaucoup d’amour dans ce dossier, mais il y a le sien pour ses enfants, et ça suffit à tout transfigurer. Sephora, Josué, Saraï, Siméon ont 13, 11, 8 et 6 ans aujourd’hui, ils vous aiment, ils seront votre revanche.
Nous, la question que nous devons nous poser, c’est : ‘De quoi êtes-vous responsable, Alexandra Guillemin ?’ Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l’avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d’une accusée, s’il oubliait que la société n’a pas su la protéger ? Alors, je vais parler de légitime défense. Est-ce qu’au moment des faits, Alexandra Guillemin a pu penser qu’elle était en danger de mort ? Est-ce qu’en fonction de tout ce qu’elle a vécu, subi, elle a pu imaginer que ce soir-là, Marcelino allait la tuer ? Mais bien sûr ! Cela fait des années que ça dure. Alexandra a toujours été seule. Aujourd’hui, je ne veux pas la laisser seule. C’est l’avocat de la société qui vous le dit : vous n’avez rien à faire dans une cour d’assises, madame. Acquittez-la ! »
Vendredi 23 mars, six jurés – responsable de paie, retraitée, techniciens, ingénieur, assistante d’achat – et trois magistrats professionnels l’ont écouté. Et d’une sale affaire de violence et de misère, si loin, si moche, ils ont fait un grand moment de justice, si proche.
En ces temps de best-of, bêtisiers et autres bilans annuels, le site de Lysias Clermont lui aussi se propose de faire un bilan de son année. Pour ne pas changer de bonnes habitudes, nous vous proposons donc une analyse des mots clés parmi les plus curieux, puisque vous chers lecteurs, ne manquez jamais d’imagination pour arriver ici. C’est parti !
*
« association bizarres de mots«
Cher lecteurs, vous commencez bien. Parlez-vous de l’association Lysias elle-même pour sa bizarrerie ou bien de suite de mots curieuses ? Nous sommes vivement intéressés par le fond de votre pensée contenu dans cette recherche. Parce qu’autrement, vous avez « panier-piano » à dire plusieurs fois, mais ce n’est pas vraiment bizarre.
« question au concours d’éloquence »
Une fois encore, nous serons bien en peine de vous répondre. Cela peut être « Faut il attraper les nuages pour voir la vie en bleu » comme « Les poissons devraient ils arrêter » ou « Les gauchers sont-ils plus adroits ». Oui, cela peut faire peur, mais en vérité, c’est plutôt drôle. Si ce que vous craignez en faisant cette recherche sont les questions du jury, sachez que nous ne poserons pas de questions après votre plaidoirie.
« camera mini jupe à nevers »
Nous sommes totalement incompétents sur cette question. Nous ne savons MÊME PAS comment cette recherche à pu aboutir sur le site.
« dauphine droit tumblr »
Il nous parait clair que vous cherchez ceci.
« lucile chevauché facebook«
Ici, encore une fois, nous aimerions vraiment des explications. Si vous avez une quelconque information à nous communiquer à ce sujet, n’hésitez pas à nous envoyer un message. Vraiment.
« Lysias il me semble impossible, messieurs les juges, non pas de … »
Aaaah, quel dommage encore une fois que nous ne connaissions ni la suite ni le fond de votre pensée.
« plaidoirie saluer »
Ne vous inclinez pas, ce serait malvenu. Au début de votre plaidoirie, nous vous avons déjà expliqué :
« comment saluer les juges et plaidoirie«
En disant tout simplement « Monsieur/madame le président, mesdames et/ou messieurs les assesseurs« .Pour le reste de la plaidoirie, on vous laisse composer.
Ensuite, et une fois votre plaidoirie terminée, vous pouvez remercier le jury pour son attention. Mais sérieusement, ne faites pas de révérence.
« ta plaidoyerie », « tu plaidoyes quand » , « il plaidoyait mal », « avocat plaidoyage » (si si, c’est vrai)
Ou l’intérêt du passage à l’oral : on ne verra pas les fautes d’orthographe. Après, si c’est typiquement des erreurs audibles, nous vous conseillons l’achat d’un bon dictionnaire, voire d’un Bescherelle.
« les phrases incontournables dans un concours »
Indubitablement, « bonjour » et « merci« .
« qu’est ce qu’une bonne plaidoirie ?«
Celle qui vous satisfera et qui vous semblera répondre le mieux possible au sujet.
« stress de plaidoirie«
Courage, cela arrive à tous le monde et vous verrez qu’au fil du temps, cela diminue. Souvenez vous qu’en respirant bien par le ventre (en fermant les yeux s’il le faut) vous vous sentirez déjà un peu mieux, et en dédramatisant, cela ira encore mieux. Si vraiment vous n’êtes toujours pas convaincu gardez en mémoire que le ridicule ne tue pas.
« académie clermont ferrand oser ne pas penser comme les autres »
Nous doutons que ce soit une spécificité auvergnate, mais si vous le supposez, nous sommes prêts à vous entendre sur ce sujet. Vous avez été cinq à faire exactement cette requête, reste à découvrir pourquoi.
« concours d’éloquence lysias comment rédiger »
Allez-y progressivement, ne vous lancez pas dans une rédaction complète dès que vous avez le sujet. A l’inverse, réfléchissez à tout ce qui vous parait lié au sujet, notez le. Cherchez des citations, tenter de construire quelques raisonnements à partir de ces idées. Faites des gros blocs avec vos idées et triez les, tout en n’hésitant pas à enlever celle qui sorte du cadre ou à développer celles qui vos paraissent les plus pertinentes.
« vainqueur concours droit lysias clermont 300€«
Faux, le prix du vainqueur de notre concours en L1, L2 et L3 pèse 500€ de plus, soit 800€ pour le gagnant de chaque promotion.
« citation sur simplicité et efficacité et logique »
Cela relève de la citation fort complexe cher lecteur. En la matière, nous ne savons même pas si Evene pourra vous aider.
« concours du barreau phrase répartie »
Déjà, ne vous écroulez pas. Si vous êtes arrivé au stade des oraux, vous méritez sans doute de pouvoir aller plus loin. Ensuite, tachez de faire fonctionner votre cerveau, si vous n’avez pas la réponse exacte à la question qui vous est posée vous pouvez probablement (lors du Grand Oral en tout cas) vous « raccrocher aux branches » sur des thèmes que vous maîtrisez plus et qui vous semblent liés à la question.
« blague de juriste plaidoirie »
Vous pouvez éventuellement tenter de placer la blague des présomptions qui traversent la route, mais nous ne vous fournissons aucune garantie au sujet de son efficacité.
*
Merci cher lecteur, pour ces belles surprises de mots clés. Bien entendu, il y en a bien d’autres que nous ne citerons pas car elles impliquent la nudité de certains membres du bureau ou leur mensurations, chose que nous ne pouvons ni révéler ni même cautionner (sauf si vous êtes prêts à faire un gros chèque à l’ordre de l’assocation).
Merci à tous pour vos visites sur ce site, par le biais d’un mot clé curieux ou non. Très bientôt, Lysias Clermont revient auprès de vous pour un second semestre pétillant, brillant, un second semestre éloquent !
Bonnes fêtes à tous, et à bientôt avec Lysias Clermont.
L’association Lysias Clermont I est très fière (mais vraiment très) de vous annoncer la naissance de son Tumblr. Cher lecteur, tu ignores ce qu’est un Tumblr (prononcer teume-bleur) ? C’est une plateforme dite de microblogging, au sein de laquelle un auteur peut poster de petits billets rapides. L’attrait de ce réseau, c’est qu’il permet de « piquer » aux autres membres du réseau quelques images, vidéos ou photos. En faisant ceci, l’auteur reblogue contenu tout en le personnalisant, en lui donnant un nouveau sens, en l’éclairant sous une lumière différente …
Si vous n’avez qu’a moitié compris mais que cela vous intéresse quand même, si vous connaissez déjà Tumblr et que vous souhaitez voir ce que Lysias peut faire à ce sujet, n’hésitez pas à passer sur notre Tumblr (et les autres évidemment) et à nous dire ce que vous en pensez.
PS : chaque jour entre 11 h et 17h, deux images seront publiées. Soyez attentifs !
PSS : Le journal local La Montagne a rédigé un article à notre sujet, allez vite voir !
Réservez vos soirées du lundi 29 octobre et du mercredi 7 novembre, de 18h30 à 20h, amphithéâtre Michel de l’Hospital (site de Gergovia – Ecole de droit), ce sont les inscriptions à l’association Lysias Clermont I.
Vous pouvez venir pour vous renseigner, pour nous poser vos questions, pour nous écouter parler ou même pour vous inscrire directement.
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Rappelons que Lysias Clermont vous permet de vous initier à l’oral par la biais de simulation de procès ou de réponses à des questions aussi fondamentales que Faut-il prendre le taureau par les cornes, Satan a-t-il eu une enfance heureuse, La vie est-elle rose, ou Faut il aimer le Nutella .
Des séances de formation aux côtés d‘avocats vous permettront, au fil du temps, de vous améliorer et d’acquérir peu à peu plus d’aisance à l’oral.
De plus, les séances de formation vous offriront l’occasion de voir vos camardes de promotions sous un nouvel œil et de tisser de belles amitiés.
Le jury du concours est composé de professionnels du droit ainsi que d’universitaires prêts à vous dispenser les meilleurs conseils pour améliorer vos capacités et saluer vos qualités.
Le vainqueur du concours de chaque promotion gagnera entre autre un Prix du Barreau d’une valeur de 800€, ainsi qu’un billet aller-retour pour aller représenter l’Ecole de droit de Clermont au concours national de la Conférence Lysias à Paris. Le finaliste recevra pour sa part un Prix du Barreau d’une valeur de 500€.
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A très bientôt avec Lysias Clermont !